NewsletterCitations inspirantes


Numéro 5- Juin 2004
Notre revue mensuelle de l'information positive sur le web… et ailleurs

La Caisse des dépôts publie un guide de l'entrepreneur social
Décidément, l’entrepreneuriat social a le vent en poupe dans l’hexagone. Quelques mois après l’arrivée de l’association américaine Ashoka (voir notre newsletter n°1), La Caisse des dépôts et consignations vient d’annoncer la publication du Guide de l’entrepreneur social, "un outil complet, pratique et concret au service de ceux qui souhaitent concilier initiative économique et solidarité". Ce guide s’adresse en priorité aux créateurs d’entreprise qui souhaitent donner une forte dimension sociale à leur projet économique. Le guide est conçu pour apporter aux futurs entrepreneurs sociaux toutes les ressources nécessaires pour concrétiser leur projet : des conseils pratiques (sur les dispositifs d’orientation, d’accompagnement ou de formation, sur les aides au financement d’entreprises sociales, et sur les aides à la création) mais aussi des témoignages d’entrepreneurs sociaux et un scénario de création d’entreprise sociale. Concrètement, selon les auteurs du Guide, aider les entrepreneurs sociaux répond à un double enjeu de solidarité et d’emploi. L’entreprise sociale couvre en effet un champ important : entreprises d’insertion, entreprises adaptées (qui permettent à des personnes handicapées de disposer d’un emploi durable), entreprises de services à des personnes fragilisées (personnes âgées, handicapées, enfants, etc.), entreprises de commerce équitable, associations, coopératives, etc. On estime qu’il existe, dans le seul champ de l’insertion, 5000 entrepreneurs sociaux en France, qui emploient 70 000 salariés, mais de nombreux besoins ne sont pas couverts, en termes d’insertion, de service à domicile, de solidarité ou d’aide aux personnes fragiles, alors qu’ils représentent un potentiel important de création d’emplois et de lien social.
Guide de l’entrepreneur social 2004-2005 (Co-édition : Caisse des dépôts – Avise), 330 pages, 23 Euros - bon de commande sur www.avise.org (Rubrique Publications).

"Light up the world" : une fondation qui démocratise la lumière
L’éclairage fait partie des services de bases permettant l’amélioration des conditions de vie. Mais alors que dans les pays industrialisés on appuie sur l’interrupteur sans se poser plus de question, deux milliards de personnes vivant dans des régions reculées des pays en voie de développement n’ont aujourd’hui encore pas accès à l’électricité pour s’éclairer. Et les mauvaises conditions d’éclairages ont de fortes incidences sociales : en particulier, elles freinent la scolarisation et ont de lourdes conséquences sur la santé. C’est lors d’un voyage au Népal que l’ingénieur canadien Dave Irvine-Halliday, spécialisé en électricité, a pris conscience en 1997 de l’ampleur du problème, en voyant des enfants qui tentaient de lire dans des écoles à peine éclairées. Avec des diodes électroluminescentes de 0,1 watt (LED), Dave a mis au point une lampe équipée d’un petit générateur qui émet une lumière blanche avec une luminosité suffisante pour qu'un enfant puisse lire ou qu'une femme fasse la cuisine. Ainsi est née la fondation "Light up the world", dont la mission est de répondre aux besoins en éclairage de millions de familles des pays en développement.D’ores et déjà, la fondation a permis d’éclairer près de 700 maisons, écoles et bâtiments publics au Népal, en Inde et au Sri-Lanka. Lauréat en 2002 du prestigieux prix Rolex, Dave Irvine ne cesse d’améliorer son invention pour la rendre encore moins chère, encore moins gourmande en énergie – il développe d’ailleurs en parallèle les sources d’énergie renouvelables. D'ores et déjà, l'éclairage de 60 habitations ne consomme pas plus qu'une ampoule classique de 100 watts, et pour éclairer tout le Népal avec les lampes de Dave Irvine, il suffirait de 8 mégawatts là où des ampoules ordinaires réclameraient 12,5 fois plus.
www.lightuptheworld.org

Slow Food lutte contre la standardisation du goût et pour la diversité gastronomique !
Cette association italienne, née en 1986 dans le Piémont, est devenue un mouvement international à Paris en 1989, avec la publication d'un Manifeste qui réaffirme sa vocation : défendre le droit au goût et protéger le plaisir gustatif, en luttant contre la standardisation de l'alimentation et la manipulation des consommateurs. L’idée fondatrice de Slow Food est que tout produit traditionnel est porteur, non seulement des parfums et saveurs, mais aussi souvent des coutumes et des techniques de production de sa région d’origine. Slow Food entend donc préserver non seulement l’héritage historique et artistique des lieux gastronomiques (les cafés, les bistros, etc.) mais aussi les traditions culinaires et agricoles (diversité des cultures, techniques artisanales, agriculture écologique, développement rural, etc.). Pour cela, l’association initie des débats, des publications (dont Slow, un magazine diffusé en 5 langues), des événements, des programmes éducatifs (allant des ateliers du goût à la première Université des Sciences Gastronomiques qui ouvrira ses portes cette année en Italie), des campagnes (contre les biotechnologies ou pour les fromages au lait cru, par exemple), des salons (comme le Salone del Gusto, le plus grand salon sur l’alimentation et le vin, organisé tous les deux ans à Turin) ou encore des actions spécifiques visant à ramener le plaisir gustatif dans des lieux où il est menacé (l’ex-Yougoslavie par exemple) mais aussi à préserver la biodiversité, indissociable de la gastronomie. Le projet "L’Arche du Goût" a ainsi été lancé pour recenser les produits, les plats, les plantes et les animaux en voie de disparition. Il est aujourd'hui prolongé par les Slow Food Awards, qui apportent un soutien financier et de la visibilité aux individus et organisations qui se consacrent à la préservation de ces "spécimens" menacés. Lentement mais sûrement, à l’image de son emblème (l’escargot !), Slow Food avance. L’association compte aujourd’hui plus de 60.000 membres, autoproclamés "éco-gastronomes", sur 5 continents et son bureau italien emploie près de 100 personnes.
www.slowfood.com

Le Barefoot College parie sur la capacité des pauvres à résoudre leurs problèmes
Le Barefoot College a été créé en 1972 au Rajasthan, en Inde, autour d’une conviction de ses fondateurs Aruna et Sanjit Bunker Roy : les communautés rurales sont les mieux placées pour résoudre les problèmes qui les affectent, pourvu qu’on leur donne les connaissances et les compétences pratiques qui leur manquent. Aujourd’hui, les initiatives du Barefoot College touchent près de 125.000 personnes marginalisées, dans tout le pays, sur des domaines aussi variés que l’accès à l’eau potable, l’éducation des jeunes filles, la santé, la redynamisation de l’artisanat local, la génération de revenus, l’accès à l’électricité ou encore la préservation des écosystèmes ruraux. Tout cela, à partir d’un code de conduite strict et d’un projet pédagogique original qui refuse l’expertise externe, sanctionnée par les diplômes du système éducatif formel, pour miser sur les connaissances pratiques et l’expérience informelle des populations locales. Chacun peut être tour à tour étudiant et enseignant. Parmi les projets les plus remarquables menés par le Barefoot College : la formation de femmes et de jeunes défavorisés devenus "ingénieurs solaires aux pieds nus" et partis installer (avec les populations locales, formées au passage à la pose et à l'entretien des équipements) des panneaux solaires dans plus de 800 écoles et 315 villages à travers le pays ; la création de plus de 150 écoles de nuit, éclairées avec les lanternes solaires que fabrique le Barefoot College, et qui accueillent en soirée, pour un cursus de cinq ans, les enfants travaillant aux champs durant la journée – ces derniers assurant eux-mêmes, à travers des représentants élus démocratiquement, la gestion des écoles ; la création de programmes éducatifs sur la santé ou les droits de l’homme à l’attention des populations rurales illettrées, en utilisant les marionnettes traditionnelles du Rajasthan (2.500 animateurs et 360.000 spectateurs dans 3.800 villages depuis 1981) ; et la lutte contre la corruption, avec notamment la création de "conseils de village" et de réunions de dialogue où les élus locaux se voient demander des comptes. Mais le projet le plus exemplaire est le campus du Barefoot College, à Tilonia, qui rassemble plusieurs bâtiments administratifs, éducatifs et résidentiels sur un terrain de plus de 80.000 mètres carrés. Le campus a été entièrement construit par la population locale, sans architecte, avec des matériaux bon marché (ni ciment, ni bois, mais juste du métal de récupération, du contreplaqué, du sable, de la pierre) et est aujourd'hui le plus grand site en Inde fonctionnant exclusivement à l’énergie solaire.
www.barefootcollege.org

Quand l'architecture s'inspire de la nature...
La "prochaine révolution industrielle" ne sera sans doute pas tant fondée sur ce que l'on extrait de la nature que sur ce que l'on apprend d’elle… c’est en tout cas ce que nous dit le bio-mimétisme (en anglais "biomimicry"), cette nouvelle science qui a pour principe de s’inspirer du fonctionnement des écosystèmes naturels pour résoudre des problématiques humaines. Il ne s’agit plus d’utiliser la nature pour en exploiter les ressources mais de s’ouvrir à ce qu’elle peut nous apprendre pour réinventer nos systèmes de production et diminuer l’empreinte écologique de nos industries. Le bio-mimétisme s’applique potentiellement à toutes les industries comme, par exemple, l’architecture et la construction. Rappelons que la moitié de l’énergie consommée en France vient des bâtiments (contre un quart pour l’industrie), que cette énergie vient majoritairement de sources non-renouvelables et que plus de 80% de cette consommation est liée à l’utilisation des bâtiments (climatisation, chauffage, etc). L'un des bâtiments les plus exemplaires conçu selon les principes du bio-mimétisme est l'immeuble de bureaux Eastgate à Harare (Zimbabwe). Eastgate a été construit en 1996 par l’architecte Mike Pearce, sur le modèle d’une termitière. Il faut dire que les termitières sont un véritable miracle architectural : elles peuvent atteindre jusqu`à 3 m (ce qui est gigantesque relativement à la taille de l’insecte) et sont aussi solides que du béton alors qu’elles sont faites d’un matériau produit à température ambiante, à base de terre, de poussière de bois, et de salive d’insecte. Pour l’immeuble situé à Harare, l’architecte s’est spécifiquement inspiré du système passif de régulation thermique des termitières, qui les maintient à une température constante de 27°C même lorsqu’il fait plus de 40°C à l’extérieur. Dans le cas d’Eastgate, ce système (fondé sur les propriétés de pile thermique du béton) permet de faire 35% d’économies d’énergie par rapport à un bâtiment similaire - une réduction des coûts d’exploitation qui a permis une réduction des loyers de près de 20%.
Le site web du bio-mimétisme : www.biomimicry.org
Le site web de l’architecte Mike Pearce : www.pearcemccomish.com/eastgate.htm
Et aussi, sur le web : quelques photos de l'immeuble Eastgate (intérieur/extérieur)




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