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Numéro 4 - Mai 2004
Notre revue mensuelle de l'information positive sur le web… et ailleurs

Le quotidien gratuit Metro se lance dans le journaliste "civique"
Né aux USA, le journalisme "civique" (civic journalism ou public journalism) se répand très heureusement dans la presse et chez les journalistes. Le principe est simple : il n’est plus suffisant d'informer, il faut que ce qui remplit les colonnes des journaux donne envie aux citoyens de participer à la vie de leur communauté. Quand les lecteurs, de plus en plus nombreux, réclament dans les études de lectorat, des "bonnes nouvelles", il ne s'agit pas de trains qui arrivent à l'heure ou de belles histoires sur la vie des princesses : l'importance de l'information vient des possibilités d'action qu'elle crée et l’utilité d’un journal est ancrée dans sa capacité à aider au bon fonctionnement de la vie civique. C’est à partir de cette idée fondatrice du journalisme "civique" que le quotidien gratuit Metro a lancé début avril Metro Initiatives - une idée qui s’inscrit en droite ligne des "coups de chapeau de Victor", lancés en juillet 2003 avec le soutien de Veolia pour mettre en valeur des initiatives en faveur de l’environnement. Entre-temps, Metro a procédé à une étude auprès de ses lecteurs pour mieux les connaître. "Nous avons appris, entre autres, que près de 60% d'entre eux font partie d'une association. Mais à la question : "Comment jugez-vous le niveau d'engagement actuel des citoyens dans la vie sociale ?", ils sont 87% à répondre "insuffisant". Autre message qu’ils nous font passer : ils souhaitent une société avec plus d'engagement citoyen et davantage de solidarité. Et ils attendent que Metro leur parle de ce qui bouge autour d’eux, dans leur environnement, pour mieux vivre ensemble en ville», rapporte Didier Pourquery, rédacteur en chef. C’est tout l’objectif de Metro Initiatives, avec une devise qui pourrait être "Vous vous bougez, nous en parlons" : les lecteurs sont donc invités à signaler au journal des informations sur les initiatives positives qui se créent autour d’eux, sur les associations et les mouvements qui les intéressent. Le journal s'engage en retour à mettre en valeur ces actions et ces projets pour leur donner un écho susceptible de les aider. L’idée de Metro Initiatives a été testée en avril-mai 2004 dans les pages locales du quotidien gratuit qui, ayant reçu plus de 100 dossiers "candidats", a décidé de pérenniser l’initiative : Metro vient donc d’annoncer que la rubrique sera systématisée dans ses pages à la rentrée et que les meilleures initiatives, choisies par les lecteurs et un jury dans 4 catégories (environnement, loisirs, culture, vie quotidienne) se verront remettre des Initiatives d’Or en fin d’année 2004.
Retrouvez Metro Initiatives sur le web : www.metrofrance.com
ou envoyez un mail à initiatives@metrofrance.com
Téléchargez l'article sur le journaliste civique écrit parJ-S. Stehli dans La Lettre d’Utopies en 2000
et guettez l'apparition prochaine d'une rubrique entière de notre site consacrée à ce sujet, avec des ressources, des liens… !

Vocation Vacations : une agence de voyage très spéciale qui aide les gens à trouver l'emploi de leurs rêves
Entraîneur de chevaux, jardinier, vigneron, chef-cuisinier, archéologue, photographe, … : trouver un emploi qui fasse écho à ses passions est une aventure qui tente le plus grand nombre mais dans laquelle peu d’entre nous osent se lancer, faute de savoir comment s’y prendre mais aussi par peur de se tromper. C’est à partir de ce constat (effectué sur sa propre personne !) que Brian Kurth vient de créer, à 37 ans, Vocation Vacations : une agence de voyages d’un nouveau genre qui accompagne ses clients dans leur exploration du métier idéal, celui dont ils rêvent depuis des années sans s’y être jamais vraiment essayé. Vocation Vacations leur propose donc de se glisser, le temps de quelques jours de vacances et moyennant un investissement de 500 à 1000 dollars, dans la peau de celui qu’ils rêvent de devenir, aux côtés d’un professionnel qui exerce le métier en question depuis plusieurs années et avec l’accompagnement d’un "coach" spécialisé dans l’orientation professionnelle. "Vous pouvez faire cela pour vous amuser ou dans le cadre d’un plan de carrière plus sérieux", explique Brian Kurth, "et comme vous n’êtes pas obligé de quitter votre emploi actuel pour essayer celui dont vous rêvez, il n’y a aucun risque. Au passage, en se reconnectant à ses passions, on apprend beaucoup sur soi.. Si vous avez toujours pensé que l’emploi de vos rêves est hors d’atteinte, cela vaut le coup de reconsidérer la question !»
www.vocationvacations.com

Unis-Cité organise la dixième grande Journée du Volontariat
L’association Unis-Cité organise le 12 juin prochain, dans de nombreuses régions de France, la dixième Grande Journée du Volontariat : placée cette année sous le signe du développement durable, cette initiative invite les "citoyens toute l’année" à devenir "volontaires d’un jour" aux côtés des jeunes volontaires encadrés toute l’année par Unis-Cité.
Née de la rencontre en décembre 1993 de trois jeunes étudiantes de l’ESSEC, Julie Chenot, Anne-Claire Pache, Marie Trellu-Kane, et d’une américaine récemment diplômée de Yale, Lisbeth Shepherd, Unis-Cité s’est en effet inspirée de l’exemple de l'association américaine City Year, qui organise depuis 1986 un programme de service communautaire volontaire pour des jeunes (qui a servi de modèle pour le lancement du grand mouvement de service national volontaire aux Etats-Unis). Résultat : l’association propose aux jeunes de 18 à 25 ans de consacrer 6 à 9 mois de leur vie à la solidarité, en France, et ainsi d’expérimenter une nouvelle forme de "service volontaire de solidarité". Pour ces jeunes, le service volontaire est une étape de citoyenneté active, un moment de réflexion sur soi et sur la société, une année de brassage et de rencontres. En équipe de 6 à 8 personnes, ces jeunes, dont les origines sociales et scolaires sont très variées (ce brassage n’est pas le moindre intérêt des équipes ainsi constituées), mènent environ six projets, d'une durée de 2 à 8 semaines, aux côtés de structures agissant dans les domaines de l'action sociale et/ou du développement durable (associations locales ou nationales, maisons de retraite, crèches, écoles ou collèges, organismes sociaux,…). Un cinquième du temps des jeunes est par ailleurs consacré à un programme de sensibilisation à la citoyenneté et de préparation à la vie active. Les volontaires reçoivent une bourse mensuelle de 570 euros , en plus d’une prise en charge de leurs frais de transport (l’association est soutenue par plusieurs fondations ou entreprises comme Carrefour Solidarité et Timberland). En dix ans, Unis-Cité a essaimé en régions et est désormais un réseau d’associations locales présent en Ile-de-France, Rhône-Alpes, Nord Pas-de-Calais, Méditerranée, Alsace et bientôt en région nantaise.
Pour en savoir plus sur Unis-Cité : www.unis-cite.org
Pour en savoir plus sur la Journée du Volontariat : www.unis-cite.org/html/ssRN/ssRNgjv_2004b.htm

Mode : l'éthique, c'est chic !
Version moderne et tendance des traditionnelles opérations de charité, le commerce équitable et la dimension éthique ont la cote sur les étiquettes de mode et du textile. Qui oserait s’en plaindre ? Certes, Dior, Chanel, Lacroix, Gaultier et bien d’autres achètent depuis longtemps, sans en faire de publicité, la maille haut-de-gamme produite par World Tricot - une entreprise créée de toutes pièces en Haute-Saône en 1987 par une animatrice de quartier qui voulait aider des femmes en difficulté en leur donnant un vrai métier. Mais on a également vu apparaître, plus récemment, sur les étagères de Colette et d’autres "concept-stores" européens branchés, des vêtements réalisés par des élèves en couture d’une institution religieuse péruvienne : la congrégation des filles de la Miséricorde. Il s’agit principalement de vestes de survêtement (inspirées de l’uniforme de l’institution) dont les fruits de la vente sont reversés pour financer l'ouverture d'un centre d'action sociale à Yurinaki, au cœur de la jungle amazonienne. Chez les grands noms de la mode, les produits partage ont le vent en poupe, comme les bracelets en or que signe Louis Vuitton pour l’United Cancer Front, la poupée Antik Batik pour l’Unicef ou encore les t-shirts proposés par Calvin Klein au profit de l’ICMEC. De son côté, la marque chic de jean Diesel axe sa collection printemps-été 2004 sur le thème des "amoureux de la nature". Elle présentera à l’occasion des jeans contenant de la fibre Ingeo, fabriquée à base d’amidon de maïs. Enfin, la styliste britannique Katharina Hamnett (présente dans plusieurs pays dont le Japon) vient de lancer une nouvelle ligne de vêtements en coton biologique fabriqués en Inde, sans intermédiaire, sur deux sites respectant les standards de l’Ethical Trading Initiative.
www.misionmisericordia.com
www.katharinehamnett.com
www.sustainablecotton.org

Dans quelques jours à Villette, un salon porteur d’espoir sur la non-violence ...
Les 4, 5 et 6 juin à la Villette à Paris se déroulera le premier salon des initiatives de paix organisé par la Coordination française pour la Décennie, le Secours Catholique, Caritas France et le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement). Cette manifestation se déroule dans le cadre de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001 – 2010) proclamée par l’ONU. Ainsi, durant trois jours, une centaine d’organisations françaises et internationales, réunies à la Cité des sciences et de l’industrie, feront découvrir au public leurs initiatives en faveur de la paix. Les stands seront organisés autour de quatre thèmes :
- la paix dans le monde (interventions dans les conflits, désarmement, négociations),
- l’éducation à la paix, la formation, la culture de non-violence et de paix,
- l’économie et la paix, le développement durable, les droits humains,
- le dialogue interculturel et interreligieux.
Mais ce salon ne se veut pas uniquement une vitrine pour les initiatives de paix : l’idée est aussi de démontrer que nous pouvons tous être des ambassadeurs de la paix, et que la non-violence se construit aussi au quotidien, sur le terrain. Parmi les activités proposées, les visiteurs trouveront un espace pour les enfants, des ateliers où seront notamment proposés des jeux de rôle, des conférences et des concerts, des films-documentaires, des expositions de photographies, des peintures, des sculptures, etc.
Renseignements : www.decennie.org

La communication engagée avance… pas à pas !
Le développement durable interroge depuis une dizaine d’années nos pratiques de production mais aussi nos modes de consommation dont on sait désormais qu’ils excèdent les capacités de la planète (il faudrait 3 planètes si tout le monde consommait comme un Français !).Au premier rang des industries qui se trouvent du coup contraintes de remettre en cause leurs pratiques, on trouve les agences de publicité : d’abord les mouvements anti-pub deviennent de plus en plus virulents ; ensuite, les marques pionnières de la responsabilité sociale n’ont pas attendu cette vague pour trouver des alternatives, intelligentes et engagées, à la publicité traditionnelle. Un exemple : les campagnes menées dans ses magasins et sur ses produits par The Body Shop, pour des causes allant du commerce équitable au bio ou aux énergies renouvelables, l’enseigne cosmétique ayant ainsi réussi à construire un bouche-à-oreille positif et une marque forte sur un marché où la réclame est reine. Mais les initiatives des grands du secteur restent timides : certes, deux rapports intéressants ("Opportunity space" et "Can sustainability sell ?") ont récemment été publiés par les associations professionnelles internationales avec le soutien du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement. On reste loin des réflexions et de l’engagement du regretté Tibor Kalman, designer visionnaire et iconoclaste qui a notamment dirigé le magazine Colors (voir portrait à télécharger ci-dessous) : “N’est-ce pas l’objectif premier du design et de la communication, que de faire paraître les choses autrement que ce qu’elles sont ? C’est à partir de ce constat que j’ai commencé à me soucier du rôle que nous, les designers, jouons dans le monde, avec nos compétences et nos puissants outils… Quand nous donnons une apparence “propre” à telle entreprise pétrolière peu respectable, quand nous faisons une brochure de meilleure qualité que la voiture qu’elle est censée vendre, quand nous donnons à la sauce spaghetti un packaging qui laisse croire qu’elle a été fabriquée par grand-mère (…) : est-ce que tout cela est bien - ou est-ce juste que le design, comme beaucoup d’autres métiers, est tombé bien bas ?”. On est loin, aussi, du manifeste "First things first" publié en 2000 dans le magazine Adbusters par des graphistes et professionnels de la communication engagés à mettre leur talent, non plus "pour vendre des biscuits pour chiens, du café, des diamants, des détergents, du gel pour les cheveux, des cigarettes, des cartes de crédit, des pantalons, des bières light et des véhicules de loisir" mais au service "de causes qui méritent davantage notre capacité à résoudre des problèmes, notre expertise et notre aide". Mais les temps changent : on trouve désormais des agences de communication alternatives, engagées à utiliser la créativité comme levier de changement positif. Un exemple : l’agence américaine Free Range Graphics, basée à Washington, qui refuse "d’utiliser son talent pour augmenter les ventes de cheeseburgers ou de chaussures de sport affichant d’hypothétiques innovations techniques" et a choisi de travailler uniquement sur des projets "dont l’ambition n’est pas de faire du monde un centre commercial". Les clients de Free Range Graphics vont donc d’Amnesty International à Greenpeace en passant par des distributeurs soucieux de préserver leur indépendance face aux grands groupes franchisés mais aussi par des entreprises engagées comme Working Assets.
Téléchargez les rapports du PNUE sur la publicité responsable (en anglais) : www.uneptie.org/pc/sustain/advertising/publications.htm
Téléchargez le portrait de Tibor Kalman écrit par E. Laville dans La Lettre d’Utopies en 2000
Consultez le site de Free Range Graphics : www.freerangegraphics.com




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