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Portrait de

Laurent-Marc Fischer

42 ans

Eco-architecte et associé chez Architecture Studio

 

web : www.architecture-studio.fr

"Je fais partie des huit associés d’un des plus grands cabinets d’architectes en France, Architecture Studio, qui emploie plus de 100 personnes. J’y suis plus particulièrement en charge des questions d’architecture écologique, qu’on appelle en France la Haute Qualité Environnementale (HQE). J’ai pris ce rôle en raison d’une prédisposition personnelle et aussi parce que l’opportunité s’est présentée de suivre une formation sur ce thème pour un projet qui devait avoir une dimension environnementale : le collège Mirecourt dans les Vosges.

Je voulais être architecte depuis l’âge de 8 ans, sans trop savoir pourquoi. Pour l’anecdote, à 10 ans, j’avais inventé un système de chasse d’eau à double contenance pour économiser l’eau ! Au fil des ans, plus j’en apprenais sur le métier, plus ça me plaisait… Je suis passé par trois écoles d’architecture différentes : je suis parti de l’une et j’ai été viré de l’autre. Aujourd’hui les jeunes attendent tout de la formation et pas assez, à mon avis, de ce qu’ils peuvent découvrir par eux-mêmes. Or ce qui m’a le plus apporté, c’est d’avoir beaucoup travaillé dans des cabinets d’architectes durant mes études, dont Architecture Studio où je suis entré ensuite. Avec des amis, nous avions aussi monté un atelier étudiant autonome : nous invitions nos propres enseignants et organisions des voyages d’études à l’étranger. Maintenant les voyages d’études se sont institutionnalisés : il faut en profiter mais toujours aller au-delà de ce qui est offert.

Avant, pendant et après mes études, ma passion pour l’architecture s’est nourrie de ma rencontre avec Xavier Arsène-Henry, un professeur qui m’a transmis son enthousiasme et une vision humaniste du métier. Chez Architecture Studio, j’ai retrouvé cette philosophie humaniste alliée à une vision contemporaine : le métier d’architecte doit être au service des autres. Lorsqu’on est sur un projet, on ne travaille pas uniquement pour notre client mais pour la société, la cité, la rue dans lesquelles va s’inscrire le bâtiment. Dans la lignée de cette approche, la démarche HQE nous pousse à une remise en cause et nous fait prendre conscience qu’un bâtiment n’a pas que des aspects positifs. Par exemple, aujourd’hui on se rend compte, avec l’amiante ou le plomb, qu’un bâtiment peut tuer. Pour faire des bâtiments de qualité, la bonne volonté ne suffit plus : l’architecte doit prendre en compte les questions environnementales, économiques et sociales autant que les questions d’esthétisme. Aujourd’hui, mes satisfactions sont liées à mon métier d’architecte, tout simplement, par exemple quand une grand-mère d’une maison de retraite me dit : « je suis très contente d’être dans votre bâtiment » alors que ce projet environnemental fonctionne avec un rafraîchissement expérimental totalement naturel. Aujourd’hui le champ des réflexions environnementales s’est élargi à la ville, des principes de développement du XXème siècle, comme l’étalement urbain, sont remis en cause par cette approche. Nous travaillons à ces nouvelles formes urbaines avec des projets aussi différents qu’une évolution de Kaboul ou d’un village au bord de la Loire."

Mes messages-clefs
"N’ayez pas peur de remettre en cause vos convictions, pour les approfondir, vérifier qu’elles ne sont pas dues à un effet de mode et être sûr de conserver un esprit indépendant. Ensuite, impliquez-vous et allez toujours au-delà de ce qu’on vous demande !"

"Dans un environnement où l’on cherche à tout normaliser, gardez aussi toujours à l’esprit que vous travaillez in fine pour les êtres humains. Dans l’architecture écologique, il y a quelques intégristes qui ne pensent qu’à parfaire le système, en perdant de vue la finalité ! Je crois que l’important, c’est d’agir, avec la volonté de progresser, mais en acceptant d’être imparfait. Il ne faut pas avoir peur de revendiquer la faille, c’est le signe de notre humanité…"

" Enfin, osez ne pas vous concentrer tout de suite sur le sujet qui vous intéresse. Ce n’est pas par l’architecture qu’on peut réinventer l’architecture : il faut savoir s’intéresser à d’autres choses, qui sont périphériques… "

 

 


© Graines de Changement, Septembre 2007- Tous droits de reproduction et de diffusion réservés